Ne considérons ici que le point de vue culturel (nous parlerons d’urbanisme, de transports et de projets d’envergure une autre fois). Dans presque tous les domaines, aujourd’hui, il faut le reconnaître, Lausanne a repris la main et mène le bal. Le théâtre ? Qui peut rivaliser, à Genève ou ailleurs, avec le dynamique Théâtre de Vidy ? Pas la Comédie, en tout cas, devenue une scène de seconde zone, qui fait ce qu'elle peut avec ce qu'elle a. Et la danse ? Il n’y a pas photo, non plus, entre le Ballet du Grand-Théâtre et le ballet Béjart. Et la peinture ? Et la photographie ? Là encore, il faut se rendre du côté de l’Hermitage ou de l’Élysée — à Lausanne donc — pour admirer les dessins de Victor Hugo ou les dernières images de Salgado. Quant à la littérature, qui mériterait un chapitre à elle seule, son centre névralgique est aussi à Lausanne, dont les structures sont infiniment plus efficaces qu’à Genève (qui a tout de même le Salon du Livre).
S’il fallait un seul exemple de ce déplacement de force, citons enfin celui de la presse (Edipresse, Ringier) dont les pouvoirs de décision sont à Lausanne, Vaud. Mis à part le Courrier, qui tient courageusement sa place, il n’y a plus de journal strictement genevois. N’est-ce pas un signe que Genève, comme Servette, joue désormais en seconde division ?