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genève en rade - Page 2

  • Patrice Mugny, maire de province

    Le Maire de Genève, Patrice Mugny, a tort de s’en prendre vertement à la Radio Suisse Romande, coupable, à ses yeux, de ne pas rendre compte avec justesse et justice de tous les événements d’envergure interplanétaire qui se déroulent dans la cité de Calvin. D’abord parce qu’émanant du nouveau Maire de la ville, qui devrait être au-dessus des querelles de clocher, ses propos apparaissent comme un aveu de faiblesse. Ensuite parce qu’en considérant Genève, la grande rivale de Lausanne, comme un gros bourg de province, la RSR ne fait finalement que reconnaître une situation de fait.
    Ne considérons ici que le point de vue culturel (nous parlerons d’urbanisme, de transports et de projets d’envergure une autre fois). Dans presque tous les domaines, aujourd’hui, il faut le reconnaître, Lausanne a repris la main et mène le bal. Le théâtre ? Qui peut rivaliser, à Genève ou ailleurs, avec le dynamique Théâtre de Vidy ? Pas la Comédie, en tout cas, devenue une scène de seconde zone, qui fait ce qu'elle peut avec ce qu'elle a. Et la danse ? Il n’y a pas photo, non plus, entre le Ballet du Grand-Théâtre et le ballet Béjart. Et la peinture ? Et la photographie ? Là encore, il faut se rendre du côté de l’Hermitage ou de l’Élysée — à Lausanne donc — pour admirer les dessins de Victor Hugo ou les dernières images de Salgado. Quant à la littérature, qui mériterait un chapitre à elle seule, son centre névralgique est aussi à Lausanne, dont les structures sont infiniment plus efficaces qu’à Genève (qui a tout de même le Salon du Livre).
    S’il fallait un seul exemple de ce déplacement de force, citons enfin celui de la presse (Edipresse, Ringier) dont les pouvoirs de décision sont à Lausanne, Vaud. Mis à part le Courrier, qui tient courageusement sa place, il n’y a plus de journal strictement genevois. N’est-ce pas un signe que Genève, comme Servette, joue désormais en seconde division ?

  • Béjart et Genève

    asa lanova et maurice béjart

    Pour les Genevois provinciaux que nous sommes, la mort de Maurice Béjart — théâtralisée et médiatisée à outrance — a quelque chose de fascinant. Comment et pourquoi une star internationale de la danse comme Béjart a-t-elle choisi de s'installer à Lausanne (qui n'est, comme on pense à Genève, qu'un gros bourg de campagne) pour y créer ses nouveaux spectacles, y ouvrir une école de danse, bref : faire profiter toute une région de son talent et de son aura?

    La réponse en est simple. Elle tient aux personnalités politiques qui dirigeaient Lausanne dans les années 80. A savoir, le syndic (traduction: le maire de la ville) Paul-André Martin, radical éclairé et cultivé, et Yvette Jaggi, municipale de la culture. Aidés par Philippe Brunschweig, ces deux personnalités ont réussi l'impossible: décider le grand chorégraphe belge de venir s'installer à Lausanne! Lui donner les moyens de poursuivre son travail. Former, grâce à lui, plusieurs générations de jeunes danseurs qui essaimeront dans le monde entier.

    Le même talent politique (car il s'agit bien d'un talent) a été confirmé lors de la venue, à Lausanne, du metteur en scène René Gonzalez qui a pris, comme on sait, la direction du Théâtre de Vidy. Lequel a éclipsé (c'est un euphémisme) par sa programmation, sa richesse, son intelligence, tous les autres théâtres romands. Y compris, bien sûr, les théâtres genevois qui, dès lors, à l'instar de la Comédie, sont condamnés à évoluer en seconde division…

    Pourquoi Lausanne, donc, et pas Genève, me direz-vous?

    Parce que Genève cultive, depuis les tristes années Vaissade, le goût de la médiocrité? Parce que le Culture, à Genève, n'intéresse personne au plus haut niveau politique ? Sans doute. Parce que Genève, engoncée dans ses petits calculs électoraux, est incapable de grands projets? Encore vrai.

    Le fait est que depuis plusieurs années, Lausanne est devenue — tant au niveau du théâtre que de la danse, sans parler bien sûr des Beaux-Arts, ni de l'édition — la capitale de la Suisse romande, reléguant Genève sur un modeste strapontin.

    Constat amer pour une ville qui étouffe sous le luxe — mais manque cruellement d'ambition et de désir.