Chaque année, la ritournelle revient : est-ce que je vais au Salon ? Non pas au salon de massage, vous m'avez compris mais au Salon de l'auto. Il faut savoir qu'à Genève, le Salon de l'auto est une institution. L'un des sept pilliers de la prospérité genevoise. Un must, quoi.
Le Salon, il y a longtemps que je n'y suis plus allé. Pourtant, pendant des années, je m'y suis rendu avec mon père, autant pour nous tenir au courant des derniers modèles de l'industrie automobile que pour admirer les belles carrosseries. Car le Salon, c'est aussi ça : depuis qu'un publiciste de génie a eu l'idée d'associer une voiture et une femme, les deux sont inséparables. Pour le meilleur et pour le pire. Qui rêve d'une belle femme doit acquérir une grosse cylindrée…
D'une année à l'autre, toutefois, les voitures sont de plus en plus laides, et les filles de plus en plus jolies.
Cette année, le must, c'est la voiture électrique. Merveille technologique. Pas de gaz polluants. Silencieuse. Confortable. Bref, parfaite pour nous faire croire, encore un peu, que la voiture a un grand avenir devant elle…
Pourtant, le problème, il me semble, ce n'est pas l'essence (qui viendra tôt ou tard à manquer), ni l'électricité (« énergie propre », comme ils disent). Non, le problème, c'est bien la voiture. La caisse, la bagnole, la tire, quoi…
Si l'on fait l'hypothèse (qu'essaient de nous vendre les grandes marques automobiles) que la voiture électrique va remplacer la voiture à essence, eh bien, mes amis, qu'est-ce qui va vraiment changer ?
Y aura-t-il moins de bouchons ? Non. Circuler en ville ou ailleurs sera-t-il moins dangereux ? Non encore. Les problèmes de parking seront-ils résolus pour autant ? Non toujours. Avec la voiture électrique, ce sera encore pire. Il y aura davantage de véhicules, donc de danger. Et pour alimenter toutes ces petites merveilles électriques, il faudra construire, selon les spécialistes, deux, voire trois nouvelles centrales nucléaires (car nos centrales hydrauliques n'y suffiront pas). On voit dans quelle impasse essaient de nous mener les fans des voitures électriques…
Alors, pour nous consoler, profitons du Salon pour admirer, comme autrefois l'enfant avec son père, toutes ces belles carrosseries ! Et gardons le rêve intact…
Regardez-les en rang d'oignons ! Ils sont tous là, sur des pages entières de journaux, qui se donnent la main, comme les complices d'un hold up annoncé. Il y a là la libérale Martine Brunschwig-Graf, qui a ruiné l'école genevoise, le radical Fulvio Pelli, le non-candidat au Conseil Fédéral, le démocrate-chrétien Christophe Darbellay, le grand polichinelle déplumé, et l'UDC Yvan Perrin, l'homme au taser qui tire plus vite que son ombre : les Grandes Têtes Molles du carnaval politique au complet.
À cette hauteur, ce n'est plus une défaite, mais une déroute…