Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Au cinéma*

images.jpegDepuis toujours, ils aiment aller au cinéma en matinée. Ils se glissent tous les deux dans la salle en avance. Ils ne veulent pas rater les publicités de Jean Mineur (Balzac 00-01), le lutin à la serpe argentée. Aujourd'hui ils ne sont pas les seuls. La sale est presque pleine. Il y a quelques familles parfaites et surtout des pères du dimanche. On les reconnaît au premier coup d'œil.

L'enfant est assis à côté de son père, lui-même assis à côté d'une blonde, vraie ou fausse. Il plonge sa main dans un grand seau en carton débordant de popcorn bien dorés. Il a une paille dans la bouche reliée à un gobelet, immense lui aussi, mais rempli de soda.

Ravi, l'enfant sous perfusion, d'autant que sa mère n'est pas là.

C'est lui qui a choisi le film, comme d'habitude. Damien voulait voir le dernier Tarantino ou Alice et le Maire, un long métrage française avec Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier, deux acteurs qu'il connaît pour leur avoir donner la réplique dans un téléfilm (il jouait un clochard qui se jette sous une rame de métro). L'enfant aime les émotions fortes et il aime avoir peur. Il vit toutes les scènes avec son cœur. Pourtant il sait que c'est du cinéma.

Et les voilà partis pour une obscure cité chinoise. Un commando de la Protection Animale, mené par un barbu qui aime la bagarre et une fille très sexy, fait irruption dans un laboratoire qui se livre à des expériences horribles sur les chimpanzés. En délivrant les pauvres bêtes, le commando libère un virus terrifiant qui se propage rapidement à travers le pays, puis dans le monde entier. Londres — comme Paris, NewYork ou Genève — deviennent des villes fantômes. Le type se bat beaucoup pour sauver la planète. À la fin il se fait arracher une jambe lors d'une attaque surprise des virologues chinois. Et la fille devient go-go danseuse dans une boîte de Shanghai où elle découvre les plaisirs de l'opium…

Lors des scènes les plus gore, l'enfant frissonne et rit à gorge déployée.

Pendant longtemps, l'enfant ne jurait que par les films d'animation. Du Roi Lion à Toy Story, en passant par les mésaventures du rat Ratatouille, ils n'ont manqué aucun Disney. À leur retour, père et fils avaient droit aux remontrances de Leslie qui leur donnait une leçon de morale en démontrant, chiffres à l'appui (elle était journaliste), que les studios Disney, Pixar and Co n'étaient que des usines à fric fort peu recommandables qu'il fallait éviter à tout prix.

« La prochaine fois, disait-elle, allez voir un documentaire de Michael Moore au lieu de vous abêtir. »

* extrait d'un roman en chantier.

Les commentaires sont fermés.