Le cinéma est un petit monde — surtout en France. Un microcosme ruminant ses envies, ses frustrations, ses rancœurs et ses rancunes, ses amours et surtout, désormais, ses haines tenaces. La cérémonie des Césars 2020 en a donné, une fois encore, le triste exemple…
Le feu couvait dans les coulisses, entretenu par les féministes, les racialistes, les communautaristes et quelques autres. Il a embrasé toute la salle (et les écrans) lors d'une cérémonie consternante de médiocrité pendant laquelle l'« animatrice » (Florence Foresti) a multiplié les blagues antisémites, sans provoquer la moindre réaction des spectateurs. Le malaise grandissait. On guettait l'incident. Qui allait mettre le feu aux poudres ?
Alors lune de miel ou lune de fiel ?
Pourtant, il y a eu de beaux moments dans cette soirée. Fanny Ardant, meilleur second rôle pour « La Belle époque », le beau film de Nicolas Bedos (mâle-blanc-cisgenre : ouh !) osant prononcer le nom de Polanski — le diable en personne — qu'on ne prononce jamais en vain. Et le sacre de Roschdy Zem, acteur prodigieux dans « Roubaix, une lumière », l'admirable film d'Arnaud Desplechin (pour moi, le meilleur film de l'année).
Pourquoi ne pas fêter aussi l'intensité du jeu, l'intelligence, l'humanité ? Le cinéma, porté à ce degré d'incandescence, peut ouvrir sur l'amour, l'écoute des autres, le refus de la justice populaire et haineuse. Mais je rêve, sans doute. Ce soir-là, le malaise s'était installé. Le terrorisme régnait en maître. Il ne manquait plus que les kalachnikovs…
Ces Césars de la haine étaient sans doute les derniers. Et heureusement. On voit mal comment ce petit monde en guerre perpétuelle pourrait se réconcilier et fêter, main dans la main, sourire aux lèvres, les meilleurs films de l'année. La déchirure est trop profonde. Quand les Anglais ou les Américains se réunissent pour célébrer dignement le 7ème art, les Français, un peu perdus, laissent s'exhaler leur haine.
C'est triste et dommage. Le cinéma vaut mieux que ça !