Lausanne — une ville suisse à 60 kilomètres de Genève — connaît, semble-t-il, des problèmes de drogue. Ou plutôt de dealers de rue. C'est surprenant. Car la drogue, chacun le sait, n'est pas un problème : quand elle n'est pas encouragée, elle est largement tolérée. C'est devenu banal. Le problème, à en croire un cinéaste vaudois qui s'est toujours engagé pour l'accueil et le respect des migrants, ce sont les rues de Lausanne envahies, dès le matin, par des cohortes de dealers qui ne se cachent même plus, tant ils sont sûrs de leur impunité. Que ces vendeurs de mort travaillent aux portes des écoles ne semble pas, non plus, choquer grand monde. C'est entré dans les mœurs et il faut bien gagner quelques sous, surtout si les dealers, qui sont des victimes du système, n'ont pas le droit de travailler.
Pour sa prise de position courageuse, ce cinéaste lausannois — Fernand Melgar pour ne pas le nommer — s'est vu insulté, calomnié et même menacé physiquement (ce qui montre, encore une fois, le niveau du débat politique sur cette question brûlante où tous les coups sont permis). Il n'a fait, pourtant, qu'exprimer une inquiétude partagée par une majorité de la population vaudoise…
À Genève, non plus, la drogue n'est pas un problème. Les dealers ont pris possession de plusieurs rues des Pâquis, du chemin reliant l'Île au BFM et de quelques parcs publics, dont celui des Cropettes, situé à la sortie de deux écoles (l'école des Cropettes et le CO de Montbrillant). Les enfants passent quatre fois par jour devant les dealers installés sur les bancs ou les pelouses. Heureusement, ils ne s'arrêtent pas. Pas tous, du moins…
Aujourd'hui, le problème de la drogue — symptôme de la violence suicidaire, du mal-être et sans doute aussi du « coma helvétique » — est devenu d'une telle banalité, c'est-à-dire tellement bien intégré dans nos sociétés addictives (la drogue allant de soi) qu'il suffit que quelqu'un l'aborde pour provoquer une tempête de menaces et de récriminations! Le problème, ce n'est pas la drogue, mais celui qui en parle…
Nous en sommes là : le premier qui dit la vérité sera exécuté.