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Des veuves désincarnées (Damien Murith)

images-2.jpegDe Damien Murith, j’avais lu Lune assassinée*, une fable très sombre inspirée d’Aline de Ramuz. Malgré les similitudes entre les deux livres, qui parasitait un peu la lecture, il y avait une voix, des images, un ton intéressant. On retrouve cette voix singulière dans Mille veuves**, le second roman de Murith.

Ici tout se passe au bord de la mer, dans un port de pêcheurs où les femmes attendent interminablement le retour de leurs hommes. Peu d’indications temporelles, aucune indication spatiale : le livre pourrait se dérouler n’importe où, à toutes les époques. images-3.jpegOn y trouve peu de personnages incarnés : il y a bien Mathilde et Gilles, le couple central, Germain, un ami du couple, et une sorcière inconnue (qui parle en italiques).  Mais, faute de chair et de présence, ils demeurent tous les quatre à l’état d’ébauches. C’est dommage. L’intrigue est mince, comme dans La Lune assassinée. Et l’auteur utilise très souvent des métaphores (« Et dans le ciel indifférent, des oiseaux blancs picorent la pulpe froissée du vent. ») et des comparaisons (« des oiseaux blancs qui piaillent comme des enfants qui se disputent. »)  qui alourdissent le texte, et freinent son élan. On aimerait plus de légèreté, plus de rythme également, dans un roman qui peine à entraîner le lecteur avec lui.

* Damien Murith,  La Lune assassinée, roman,  L’Âge d’Homme, 2013.

** Mille veuves, roman, L’Âge d’Homme, 2015.

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