Disons-le : j'avais quelques appréhensions à aller voir le dernier film des frères Larrieu, intitulé L'Amour est un crime parfait, et adapté d'un roman de Philippe Djian, collègue du Prix Interallié. Les précédentes réalisations des deux frères, dont Peindre ou faire l'amour, ne m'avaient pas convaincu…
Mais là, surprise, dans ce psychodrame aux allures hitchcockienne, tout se tient, et plutôt bien !
Le scénario, d'abord, malgré quelques invraisemblances, est tiré au cordeau. Tendu, précis, tranchant. Les frères Larrieu ont conservé l'aspect très littéraire du personnage principal (professeur de Creative Writing à l'EPFL, poste qui n'existe pas, hélas!), et ils ont eu raison. Mathieu Amalric est d'ailleurs excellent en prof névrosé et sans doute psychopathe (mais le doute est permis). Karin Viard est fidèle à elle-même, c'est-à-dire très bonne. Comme la singulière Maïwenn et le toujours parfait Denis Podalydès. Sans oublier la provocante Sara Forestier et la bombe Marion Duval. Côté casting, donc, comme du côté dialogues et scénario, une réussite.
Je ne raconterai pas l'intrigue de ce film singulier, qui rappelle pourtant certains livres de David Lodge, d'Alison Lurie ou de Philip Roth, parce qu'il se passe dans un campus universitaire, dont l'obsession n'est pas la connaissance, mais plutôt la séduction (entre autres sexuelle). Mais il faut aller le voir…
Le coup de génie, à mon sens, de ce film très bien fait, c'est d'avoir choisi comme décor le fameux Learning Center de l'EPFL ! Quels espaces ! Et quelle lumière ! Cela donne un côté futuriste, extrêmement théâtral, au film des frères Larrieu, qui joue sur les ambiguïtés, les transparences, les faux-fuyants. Dommage qu'aucun cinéaste suisse n'y ait pensé auparavant !