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De son nuage, il doit sourire…

JMO et DImitri.jpgDe son nuage, il doit sourire, de toutes les manigances, les simagrées, les sourires hypocrites, les éloges funèbres, le Barbare qui fut si longtemps blacklisté par les journaux français, comme suisses, pour ses « opinions politiques », lui qui surtout fut le passeur des plus grands textes russes (Grossman, Zinoviev), slaves (Tsernianski), mais aussi romands (Haldas, Barillier, Vuilleumier, Monique Laederach, Bernadette Richard, Fontanet, Kuffer, Frochaux, Albanese et tant d'autres), il doit sourire aux articles des demoiselles du Temps qui s'extasient sur le « renouveau des lettres romandes », alors qu'il l'annonçait depuis 30 ans, ce renouveau, et qu'elles n'ont rien vu venir (et pour cause, elles ignoraient ses livres), il doit sourire, entouré de ses popes aux longues barbes, de tous ces brusques revirements, lui qui a enduré insultes, mépris et silences gênés, il a fallu qu'il meure pour qu'on ose à nouveau prononcer son nom : Dimitri.

Il doit sourire, de son nuage, en pensant aux deux derniers livres qu'il a donnés à son ami Bernard de Fallois, qui s'est battu pour les faire connaître à Paris. Le premier, L'Amour nègre, a obtenu le Prix Interallié 2010. Je me souviens que ce jour-là, suspendu au téléphone, dans ses bureaux de Métropole, Dimitri esquissait un joyeux pas de danse. Et le second, La Vérité sur l'affaire Harry Québert, du jeune écrivain genevois Joël Dicker, connaît un certain succès ces temps-ci, ayant déjà reçu le Prix du roman de l'Académie française.

Le destin est curieux. La censure, même par le silence, est toujours contournée. Il était temps, me direz-vous. La liberté, en littérature comme ailleurs, a toujours le dernier mot.

« Il faut peindre l'aurore, écrit Philippe Sollers dans son dernier livre. Jamais l'apocalypse. »

Photo : Dimitri et JMO au Salon du Livre de Bruxelles, février 2011.

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