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  • Coup de sac !

    images.jpegGenève va mal. Depuis longtemps. Ça n'est pas la faute de la population (qui ne vote pas). Ni des magistrats qu'elle élit. Ils sont parfaits. Mais parfaitement incompétents dans leur dicastère. C'est le problème. Il suffirait d'un coup de sac, comme au lotto, pour redonner un peu de vie et d'espoir à la République.

    Gardons Charles Beer et Pierre-François Hunger. Dans leur département, ils ne font pas grand-chose, certes. Mais au moins ils ne sont pas nuisibles. Pas trop. David Hiler est excellent. Regardez-le sur la photo : il se porte très bien. À mesure que le déficit du canton augmente, il prend du poids. Depuis son élection, il a déjà gagné plusieurs tailles de pantalon. Quant à François Longchamp, personne n'a encore pu savoir qui c'était. Il est sur la photo. Mais où ? A-t-il une fonction dans le groupe ?

    Restent les autres. Les pires. Je propose qu'Isabel Rochat, qui ne dirige rien, reprenne le département de Michelle Künzler. Elle serait parfaite en moulin à vent. Pour diriger la circulation à la place Bel-Air. Ou présider aux nouveaux désastres des TPG. Michelle Künzler devrait reprendre le Département des Constructions. Vu son incompétence, ou son impuissance, ou les deux à la fois, elle ne ferait pas mieux que ses prédécesseurs. Qui n'ont rien fait. Le mal serait minime. Et Genève resterait cette réserve de Sioux qu'elle ambitionne d'être.

    Quant au dernier, Mark Muller, le preux chevalier qui vole au secours des dames outragées, je propose qu'il reprenne le Département de la Police. Car il sait parler aux femmes (dans les toilettes). Mais aux hommes aussi (sur le trottoir, de manière virile). Et il ne peut être plus mauvais qu'Isabel Rochat qui, dans son genre, a placé la barre très haut.

  • Un écrivain est né

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    Souvent, dans la littérature romande, on respire mal. L’air y est rare. Quelquefois on étouffe. Il y a des barreaux aux fenêtres. Des murs partout. La porte est verrouillée de l’intérieur. Et même, parfois, une corde est préparée au salon pour se pendre. Le monde entier se limite à une chambre. Pourquoi écrire ? Comment sortir de sa prison ?

    Heureusement, de temps en temps, il y a des livres qui donnent le goût du large. L’aventure. Les rencontres. Les bagarres amoureuses. La vie, quoi. L’auteur est inconnu. Normal. C’est son premier livre. Il s’appelle Quentin Mouron. Retenez ce nom. Il a à peine vingt-deux ans. Il vit entre Bex et Lausanne. Il n’est pas seulement suisse, mais canadien aussi. Et ça se sent à chaque page. Le goût du large, on vous disait. Les grands espaces. L'Amérique. Le bruit de l’océan qui vous réveille après une nuit alcoolisée.

    Bien sûr, il faut passer l’écueil du titre, Au point d’effusion des égouts*, qui est une citation du poète français Antonin Artaud. Il ne rend pas totalement justice au souffle, à la verve, à l’énergie singulière de l’écriture de Quentin Mouron, si rares sous nos contrées moroses et renfermées sur elles-mêmes.

    De quoi s’agit-il dans ce roman qui sort de l’ordinaire ?

    D’une longue errance, à travers l’Amérique, d’un jeune homme en rupture de ban et de famille. Il a quitté la Suisse et, comme tant d’autres, il est parti à la conquête de l’Amérique. Son voyage le mènera de la Cité des Anges (Los Angeles) à la Cité du Jeu (Las Vegas). C’est une quête d’identité ponctuée de rencontres tout à fait surprenantes. Il y a d’abord Paul, le cousin flic, qui accueille le narrateur pour quelque temps. Puis l’inénarrable Clara, trop grosse, trop névrosée, trop accro aux neuroleptiques. Mais combien attachante (un vrai sparadrap !). Portrait haut en couleur d’une femme qui semble droit sortie des romans de l’affreux Bukowski. Ensuite, il y aura Laura, trop maigre, trop pâle, trop versatile, qui laissera dans le cœur de Quentin une blessure incurable. Puis un soldat à la retraite, rescapé du Viet Nam, l’accueillera quelques jours dans la mythique Vallée de la Mort, aux confins de la Californie et du Nevada. Autre rencontre marquante, ressuscitée par la langue énergique, inventive et précise de Mouron.

    Il est rare, dans le petit monde de l’édition romande, on ne peut plus plan-plan, de découvrir un tel talent, non pas à l’état brut, mais à l’écriture déjà affirmée, nerveuse et personnelle. Il faut donc lire de toute urgence Quentin Mouron.

    Si vous ne me croyez pas, allez-y voir vous-même !

    * Quentin Mouron, Au point d'effusion des égoûts, Olivier Morattel éditeur, 2012.