Décidément, on n'aura rien épargné à Roman Polanski, l'un des plus grands cinéastes de notre époque (aussi !) Ni le traquenard d'une arrestation crapuleuse à Zurich, alors qu'il était invité à recevoir une distinction lors d'un Festival international de cinéma. Ni la détention dans des conditions difficiles pour un homme de 76 ans (il aura passé plus temps en prison en Suisse qu'aux États-Unis). Ni la résidence surveillée. Ni même le port infâmant d'un bracelet électronique qui l'apparentera, bientôt, aux plus dangereux criminels…
La Suisse est un drôle de pays, qui s'illustre à sa manière. On n'hésite pas à baisser son froc devant les États-Unis, lorsque ceux-ci se montrent menaçants pour nos banques et leur sacro-saint « secret bancaire ». On a peu de scrupule à s'en aller faire des courbettes en Libye devant un dictateur à la petite semaine pour obtenir la libération d'otages qui sont toujours détenus. Dans ce même pays, aux mœurs décidément très insolites, on n'inquiète pas outre mesure quatre fils-à-papa russes qui jouent les Schumacher au volant de leur bolide et envoient à l'hôpital un conducteur qui roulait normalement sur la route de Suisse transformée en circuit de F1. Il faudra que la victime dépose plainte pour que les policiers genevois s'intéressent à l'affaire…
Qui dira, après ça, que le Justice est la même pour tous, alors que tantôt elle s'acharne et tantôt elle fait preuve d'une coupable négligence ?