Après un premier livre très remarqué, À la nuit*, saga des origines depuis le premier cri, Olivier Beetschen, animateur de la Revue de Belles-Lettres et professeur au Collège de Genève, nous a donné, il y a quelques années, Le Sceau des Pierres**, un livre magnifique qui est la somme de vingt années de poésie.
Écrire est un voyage où l'être se cherche à travers les visages et les mots, les sons et les parfums, les émotions, les paysages entraperçus ou seulement rêvés. Voilà pourquoi Le Sceau des Pierres est un parcours initiatique — qui commence à Ceylan, pour aboutir, en fin de course, à Genève, après des haltes à Paris, en Crète ou à Madagascar — jalonné de poèmes qui sont autant de signes ou de galets ramassés en chemin. De la prose brisée de Ceylan (1974), rongée par l'inquiétude, au « Tournant » genevois (1995), marquée par l'arrivée d'une « troisième personne » dont le murmure, longtemps rêvé, « relie l'espérance au chapitre des ancêtres », quelque chose se passe, dans l'échange incessant avec le monde du dehors, qui n'est rien d'autre, peut-être, que la naissance du poète à lui-même.
Cette naissance, par stases ou voyages successifs, rejoint le questionnement des origines qui se trouvait au centre, déjà, du premier livre de Beetschen. Si l'écriture, ici, plonge à des profondeurs plus intimes, faisant courir au voyageur (« Bourlingueur du Très Haut ou défricheur du verbe ») le risque angoissant du chaos, elle débouche pourtant sur la lumière : écho, dans l'écriture, de « l'autre vie » qui est appel et création tout à la fois, et confluence, aussi, de deux désirs qui se mélangent sans jamais se confondre.
À la nuit décrivait la lente venue au monde d'une tribu jetée dans le langage ; avec Le Sceau des Pierres, le jour est là, avec ses pièges et ses promesses, sa musique obsédante, et le monde est ouvert, à jamais, dans sa beauté complexe. Épiphanies, reflets, instantanés éblouissants : le poète cherche à saisir le monde moins pour en capter (ou en désamorcer) les charmes que pour se faire le lent archéologue de lui-même.
Écrire est un voyage où l'être se cherche à travers les visages et les mots, les sons et les parfums, les émotions, les paysages entraperçus ou seulement rêvés. Voilà pourquoi Le Sceau des Pierres est un parcours initiatique — qui commence à Ceylan, pour aboutir, en fin de course, à Genève, après des haltes à Paris, en Crète ou à Madagascar — jalonné de poèmes qui sont autant de signes ou de galets ramassés en chemin. De la prose brisée de Ceylan (1974), rongée par l'inquiétude, au « Tournant » genevois (1995), marquée par l'arrivée d'une « troisième personne » dont le murmure, longtemps rêvé, « relie l'espérance au chapitre des ancêtres », quelque chose se passe, dans l'échange incessant avec le monde du dehors, qui n'est rien d'autre, peut-être, que la naissance du poète à lui-même.
Cette naissance, par stases ou voyages successifs, rejoint le questionnement des origines qui se trouvait au centre, déjà, du premier livre de Beetschen. Si l'écriture, ici, plonge à des profondeurs plus intimes, faisant courir au voyageur (« Bourlingueur du Très Haut ou défricheur du verbe ») le risque angoissant du chaos, elle débouche pourtant sur la lumière : écho, dans l'écriture, de « l'autre vie » qui est appel et création tout à la fois, et confluence, aussi, de deux désirs qui se mélangent sans jamais se confondre.
À la nuit décrivait la lente venue au monde d'une tribu jetée dans le langage ; avec Le Sceau des Pierres, le jour est là, avec ses pièges et ses promesses, sa musique obsédante, et le monde est ouvert, à jamais, dans sa beauté complexe. Épiphanies, reflets, instantanés éblouissants : le poète cherche à saisir le monde moins pour en capter (ou en désamorcer) les charmes que pour se faire le lent archéologue de lui-même.
Plus récemment, Beetschen nous a donné un autre très beau livre, dont mes collègues de Biogres ont parlé (ici), Après la comète***, qui marque un pas de plus dans cette aventure du verbe, à travers le voyage et les rencontres. « Ma mère meurt/ Pourquoi le ciel de Delhi /fait descendre une musique/ inspirée des étoiles? » Puisant souvent son inspiration dans les légendes et les contes de fées, cette poésie s'enracine aussi dans le réel, éclairant le passé d'une lumière subtile et pénétrante, comme dans « Une visite au grenier », dans lequel le poète revient sur ses années fribourgeoises, les sirènes de sa jeunesse, la musique unique de la Basse-ville. Nulle nostalgie, pourtant, dans cette évocation d'un passé disparu, mais brillant encore d'une lumière autonome qui illumine le présent. Comme ces « Chandelles », dédiées à ses filles Adélaïde et Héloïse, qui réussissent le tour de force d'allier le charme unique des comptines enfantines et la poésie du quotidien : « le velcro lime les jours/ la fatigue hache les nuits/ bientôt affleurent les confidences ».
* Olivier Beetschen, À la nuit, roman, Poche suisse N°235, l'Âge d'Homme, 2007.
** Olivier Beetschen Le Sceau des pierres, poésie, éditions Empreintes, 1996.
*** Olivier Beetschen, Après la comète, poésie, éditions Empreintes, 2007.