Pas un jour sans un livre, une nouveauté, à savourer et à offrir…
Aujourd'hui, la chronique décalée du séjour de Serge Gainsbourg à Valence, en 1987, le premier livre de Jean-Yves Dubath…
Il faut prendre son temps, aimer les tours et le détours, les lenteurs et les digressions avec le livre de Jean-Yves Dubath, intitulé malicieusement Gainsbourg et le Suisse*. Mais cela vaut la peine. De quoi s’agit-il ? À première vue, c’est le récit, méticuleux et personnel, d’un homme qui se présente lui-même comme faisant partie de « la garde prétorienne » du célèbre chanteur. On se trouve à Valence, dans la Drôme, en 1987. Le beau Serge, entouré de sa garde, vient y présenter l’un de ses films. Ce sera le prétexte à de multiples rencontres, tantôt burlesques, tantôt tragi-comiques, qui culmineront avec l’arrestation, manu militari, du chanteur qui passera quelques heures au violon. Cet épisode, qui devrait être le sommet de l’intrigue (et que le lecteur attend avec impatience), est longuement différé, puis bizarrement dissous dans une narration qui semble toujours aimantée par autre chose, une image, un portrait, une fable à raconter. Cela rend le récit à la fois fascinant, et un peu agaçant, car on aimerait en savoir davantage. Or, le lecteur, au final, en apprendra très peu sur Gainsbourg (sans parler de Gainsbarre !) à part sa dilection des steaks hachés et sa mallette pleine de billets. Il en saura à peine plus sur le narrateur, congédié à la fin du récit, ou les autres membres de cette garde prétorienne. Reste une écriture à la fois dense et saccadée, qui semble suivre obstinément sa voie, originale, inattendue.
Nul doute que Jean-Yves Dubath nous réserve, à l’avenir, d’autres troublantes surprises.
* Jean-Yves Dubath, Gainsbourg et le Suisse, éditions de l’Aire, 2008.