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L'amour à l'épreuve de l'alcool

41M-MWr5BqL._SL500_AA240_.jpgUne femme et un homme qui s’aiment forment un couple. C’est bien à tort, pourtant, qu’ils croient ne former qu’un. Souvent, une foule d’intrus s’invitent dans la relation amoureuse, sans y être conviés, et provoquent ravages et tempêtes. C’est le sens du récit intense et sans fard que François Nourissier nous propose avec Eau-de-feu*. Sous des masques transparents, Nourissier nous parle d’un couple lié par la passion de la peinture et de l’écriture. Tandis que lui écrit, elle, Reine, peint, des toiles de plus en plus tourmentées, hantées par les fantômes d’Auschwitz, qui plongent au plus profond du désespoir humain. Le couple, à ses débuts, s’épaule et se stimule. Chacun semble profiter à merveille de l’énergie créatrice de l’autre. Puis, l’alcool s’invite dans cet amour qui semble sans limite. Et peu à peu étend ses ravages. Il ne s’agit pas, ici, comme on dit pudiquement, d’un « problème d’alcool », mais bien d’une lente destruction où, dès 1994, « l’ivrognerie, la vraie, brutale, rapide, crée un décor et des comportements nouveaux ». Si Nourissier s’interroge, c’est à la fois pour chercher à comprendre l’origine de cette souffrance que Reine noie dans l’alcool et pour tenter de partager la douleur de sa femme. Comme à son habitude, ce grand styliste qu’est Nourissier ne triche pas : il traite l’effondrement de Reine avec lucidité, de la même manière dont il traite son propre vieillissement, ses ruses et ses lâchetés, la maladie de Parkinson qui le ronge. Dans cette suite de tableaux extraordinairement vivants, il rend hommage à sa compagne, en même temps qu’il déplore sa propre impuissance à la sauver.
*François Nourissier, Eau-de-feu, Gallimard, 2008.

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