- Vous êtes attirée par les femmes ?
- Tous les goûts sont dans ma nature.
- Précisez.
- Homme ou femme, je m’en fous. Du moment que je prends mon pied. Ça vous choque ?
- Oh, vous savez, Mademoiselle Ming, aujourd’hui plus rien ne me choque !
- Vous faites des progrès.
- Merci. J’apprécie vos encouragements. Mais les progrès, c’est à vous de les faire. À vous de descendre au charbon. Avec Justine, ça va plus loin que les baisers ?
- Parfois elle va chercher des trucs dans sa chambre à coucher.
- Quels trucs ?
- Des canards en plastique. Des engins de trente centimètres qui bougent tout seuls. Des dauphins bleus en bois de rose qui ont la gueule ouverte.
- On appelle cela des sextoys, Mademoiselle Ming.
- Parfois, elle amène aussi des courgettes. Des calebasses. Des concombres. C’est selon la saison.
- Justine a la fibre écolo. C’est bien. Mais que faites-vous avec ces cucurbitacées ?
- À votre avis ?
- Donnez-moi des détails.
- Ça vous excite ?
- Je veux la vérité.
- On se touche. On s’embrasse. On se donne du plaisir toute la nuit.
- Entre femmes ?
- Aux Nymphéas, il n’y a pas d’hommes. C’est la règle. Alors on s’arrange comme on peut.
- Et ça vous plaît ?
- Savez-vous que les Suisses sont les champions du monde du plaisir solitaire ?
- Vous me l’apprenez.
- 82 % des hommes et 78 % des femmes se masturbenttous les jours. C’est pour cela que le pays carbure plein pot. Le secret de la réussite. C’est aussi la meilleure manière de maîtriser la courbe capricieuse des naissances.
- Moi j’aime mieux faire l’amour à deux.
- Je vous comprends.
- On est moins seul.
- « Les plus grands plaisirs naissent des répugnances vaincues. »
- Qui a dit ça ?
- Le marquis de Sade.
- Je vois vos références. C’est Justine qui vous donne le goût de ces lectures ?
- Elle nous apprend à jouir librement de nous-mêmes. Parmi ces jeunes filles modèles, certaines sont vierges. Sans expérience. Mais la plupart ont déjà eu plusieurs amants. Cela n’a rien changé. Elles sont constamment dans l’image. Condamnées à faire semblant. La volupté ne fait pas partie de leurs attentes. On leur a dit que c’était sale. Dangereux.
- « Nous naissons entre la fiente et l’urine », disait saint Augustin.
- Le plaisir vous isole des autres. Mais il vous en rapproche aussi. C’est le paradoxe. Soudain on ne s’appartient plus. On oublie l’étiquette. Les bonnes manières. Les millions de papa. Les lettres de maman qui n’arriventjamais. Notre prison dorée. La vie qui nous attend derrière les grilles. Le vide éblouissant du ciel.
saint augustin
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Tous les goûts sont dans ma nature (Après l'Orgie J-3)
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