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théâtre - Page 2

  • Fin de règne à la Comédie

    images-3.jpegDisons-le franchement : peu de monde, à Genève et ailleurs, regrettera le prochain départ d'Anne Bisang de la Comédie, tant il semble flotter à present dans ce théâtre autrefois vivant et joyeux une atmosphère de fin de règne.

    En quelques années, les abonnements ont chuté de moitié. Quant aux entrées, elles ont suivi la même pente désastreuse que celle des abonnements : 50% d'entrées payantes en moins…

    Bien sûr, il ne faut pas juger de la qualité d'un théâtre uniquement au nombre d'entrées. Pourtant, non loin d'ici, un théâtre comme celui de Vidy, dirigé de main de maître par René Gonzalez, généreux dans son offre et toujours bondé, montre à qui veut le voir que l'on peut très bien concilier spectacles de qualité et fréquentation importante, créant plus souvent qu'à son tour l'événement. Au point de devenir, au fil des ans, l'un des théâtres de référence de la francophonie…

    images-4.jpegRien de tel, hélas, à la Comédie, où le théâtre, sous la férule de sa directrice Anne Bisang, est devenu triste et solitaire. Preuve en est son dernier spectacle, Katharina, d'après Heinrich Böll, qui ne semble pas enthousiasmer les foules.

    Autre preuve d'une fin de règne, la publication d'un ouvrage entièrement consacré à la gloire de la maîtresse des lieux, comportant photos couleurs et articles de complaisance. Ouvrage de commande qui, par son propos autocélébratif et son coût exorbitant (50'000 Frs quand même !), a fait tousser quelques magistrats en haut lieu. Si l'on veut ériger sa statue, et passer à la postérité, autant le faire soi-même !

    Après l'âge d'or de Benno Besson (ah ! L'Oiseau vert ! Ah ! Dom Juan avec Carlo Brandt !), il y a eu l'âge d'argent de Claude Stratz, qui n'était pas si mal que ça (ah ! L'École des mères et Les acteurs de bonne foi ! de Marivaux). Aujourd'hui, nous traversons l'âge de bronze, celui qu'a instauré Anne Bisang, dont peu de souvenirs, hélas, resteront vivants et joyeux dans nos mémoires.

     

     

  • À quoi sert le théâtre ?

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    On connaissait Sylviane Dupuis pour ses recueils de poésie (D'un lieu l'autre, publié en 1985 par Empreintes, et surtout Creuser la nuit, paru la même année), un essai sur l'errance (Travaux de voyage, Zoé, 1992) et ses pièces de théâtre, comme La Seconde chute, par exemple, jouée au Théâtre de Poche. Les Editions Zoé ont eu la bonne idée de rassembler les textes que Sylviane Dupuis a donnés, de mars 1994 à aout 1995, à la revue du Théâtre du Grütli et qui forment un intéressant petit volume, à la fois provoquant et éclairant*, volume lui-même doté d'une postface d'Eric Eigenmann.

    Passionnée de théâtre, Sylviane Dupuis l'est depuis toujours et sans doute est-elle bien placée, en tant que spectatrice et auteur elle-même de plusieurs pièces, pour en parler. Son livre est une promenade érudite et plaisante à travers le(s) théâtre(s) d'aujourd'hui. Chaque chapitre prend comme point de départ une représentation : cela va de L'Homme qui…, dans la fameuse mise en scène de Peter Brook, au Faust médusant de Strehler, en passant par tous ceux qui inventent aujourd'hui le théâtre : Stéphane Braunschweig, Valère Novarina ou Koltès.

    La réflexion est fine, non seulement documentée (Sylviane Dupuis, qui est aussi enseignante, connaît très bien l'histoire du théâtre), mais aussi engagée, au sens existentiel du terme. Et l'on tire un grand profit à la lecture de ces pages à la fois modestes et pénétrantes, qui sont le fruit d'une expérience véritable du théâtre.

    * Sylviane Dupuis, À quoi sert le théâtre ? MiniZoé, 1998.

  • Hervé Loichemol à la Comédie : une bonne nouvelle pour Genève ?

    images.jpegJe viens de croiser dans la rue un ami comédien qui sortait de la conférence de presse annonçant le nom du nouveau directeur de la Comédie. Il me regarde avec un sourire mi-figue, mi-raisin. « J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle à t'annoncer, me dit-il. La bonne ? Anne Bisang quitte la Comédie l'année prochaine. Et la mauvaise ? C'est Hervé Loichemol qui vient d'être nommé pour la remplacer… »

    On connaît les intrigues qui ont présidé, comme chaque fois, à la nomination du nouveau directeur de la Comédie. La Fondation d'Art Dramatique qu'on accuse de tous les maux (en particulier d'avoir écarté des dossiers intéressants venant de l'étranger). Un processus de nomination opaque et faisant la part belle aux pressions extérieures. On parlera encore une fois de la république des copains. Etc. Le même psychodrame s'était produit lors de la nomination de l'immense Benno Besson (qu'on n'a jamais, hélas, remplacé), puis celle Claude Stratz (brillant metteur en scène), puis d'Anne Bisang.

    Normal : c'est la Comédie de Genève!

    Hervé Loichemol, donc. En le choisissant, la FAD a privilégié un projet local. Pour ne pas dire régional. L'heureux élu ayant longtemps dirigé, à Ferney, la Ferme du Châtelard (un théâtre qui a connu, on s'en souvient, quelques embrouilles avec la justice). Ce choix s'est fait, sans doute, au détriment de candidats plus prestigieux (on parlait d'Eric Lacascade et de Philippe Sireuil). Au détriment, aussi, de metteurs en scène de grande qualité (je pense à Omar Porras). On pouvait rêver, pour la nouvelle Comédie déplacée aux Eaux-Vives, d'un metteur en scène d'envergure disons « internationale ». Ce qui aurait été la moindre des choses pour diriger un théatre flambant neuf qui suscite beaucoup d'attentes et d'espérances. Parmi le public. Mais aussi parmi les comédiennes et comédiens romands. Le choix s'est porté un candidat dont la carte de visite, à cet égard, est plutôt mince. Il reste à lui souhaiter bonne chance. Il lui en faudra pour relever un défi particulièrement exigeant.