Celle que Jacques Chessex, par antiphrase, mais affectueusement, appelait tantôt « la verdoyante Isabelle Martin », tantôt « la sémillante Isabelle Martin », vient hélas de nous quitter, des suites d'une longue maladie.
Pendant près de trente ans, Isabelle Martin aura marqué le paysage culturel suisse-romand. C'est à elle qu'on doit, sans contexte, l'intérêt nouveau pour la littérature suisse, qu'elle n'a cessé de défendre, depuis les années 80. Ainsi a-t-elle encouragé de nombreux écrivains à poursuivre leur travail, à une époque où la critique littéraire était encore vivante et importante. Son nom est lié au Journal de Genève, où elle était responsable du fameux Samedi littéraire, dont l'aura était grande et que tout le monde regrette aujourd'hui.
Avec la disparition d'Isabelle Martin, la critique littéraire romande perd l'une de ses derniers fleurons (si l'on excepte Jean-Louis Kuffer, Jacques Sterchi ou Bernadette Richard, il n'y a plus de critique littéraire dans les journaux).
Signalons encore qu'Isabelle Martin venait de publier, aux Editions Zoé (dont elle fut toujours très proche), une étude éclairante consacrée à l'écrivain suisse Claude Delarue (La Grandeur des perdants).
Michel Zendali le dit fort bien : c'est une malédiction qui revient chaque année, comme le Beaujolais nouveau ! Je veux parler du Forum des Cent organisé par l'Hebdo, et qui regroupe, l'espace d'un week-end, tout ce que la Suisse romande compte de « décideurs », de « VIP » ou de vulgaires « people ». D'année en année, la sélection devient plus difficile, étant donné l'étroitesse de notre petit pays, et le fait que les mêmes Têles Molles ne peuvent revenir deux ans de suite. L'hebdomadaire Vigousse, sous la plume acide de Laurent Flutsch, en fait le constat atterrant (voir
Quelle place occupe un écrivain dans la société d’aujourd’hui ? Quel est son rôle, sa fonction, sa responsabilité sociale ? Est-il un médiateur ou un provocateur ? Est-il vraiment un créateur, vivant d’air et d’eau fraîche, au-dessus de toute contingence matérielle ?