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sin city - Page 3

  • Un magistrat au-dessus de tout soupçon


    Avocat besogneux, il avait, au grand bonheur de ses clients, renoncé au prétoire pour s’occuper d’une association de locataires. Comme il n’était jamais à son bureau, préférant aller à la pêche ou fumer une bonne pipe, il fit peu de dégâts. Sans doute est-ce la raison pour laquelle un groupement politique l’inscrivit sur sa liste pour les futures élections. Un ténor du parti tomba malade. La pasionaria des causes féministes dut renoncer à son mandat à la suite d’une plainte pour harcèlement sexuel déposée contre elle par l’une de ses secrétaires. Le numéro trois disparut du pays, abandonnant femme et enfants, et laissant derrière lui une ardoise de plusieurs millions de francs.
    Pour Mouduneux, tête de liste malgré lui, la voie était brusquement libre.
    Il fut élu, prit possession de son bureau Téo Jacob et s’empressa de reprendre ses anciennes habitudes.
    Ne rien faire, surtout, et attendre.
    Cela ne dura pas longtemps. Élias le contacta, lui présenta un ambitieux projet de construction de logements à la frontière franco-genevoise et déploya toute son énergie pour le convaincre d’y souscrire. Mais l’autre, tirant comme un malade sur sa pipe d’écume, était plus coriace que prévu. Dans les semaines qui suivirent, il revint à la charge plusieurs fois. Il fit valoir les nombreux postes de travail créés (Genève connaissait alors le taux de chômage le plus élevé de Suisse), le grand nombre de logements (dans un canton frappé de pénurie) et l’ouverture transfrontalière qu’un tel projet allait favoriser.
    Fidèle à sa légende, la pipe vissée entre les dents, Mouduneux resta inébranlable. Car au moment de s’engager, considérant les risques du projet et les jalousies politiques qu’il n’allait pas manqué de susciter, il préférait ne pas tenter le diable.
    Extrait de La Vie mécène, roman, l’Âge d’Homme, 2008.

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  • Qui veut gagner des millions?


     
    Ne jetez pas la pierre à Hani Ramadan!
    En recevant 255'000 Frs. d'indemnités, pour solde de tout compte, après avoir touché pendant cinq ans son salaire de fonctionnaire au DIP alors qu'il était suspendu, il a eu le mérite de confirmer aux yeux de la population deux idées largement répandues:
    1) les profs, comme on sait, sont payés — et grassement — pour ne rien faire: la preuve par Hani…
    2) on a le droit, dans notre petite République, de défendre les idées les plus détestables (les femmes infidèles doivent être lapidées ; le sida est une punition divine, etc.). Non seulement, ces idées sont exprimées, diffusées largement par des médias complices, mais, en plus, celui qui les exprime reçoit, en guise de récompense, une assez coquette indemnité…
    Mais ne jetons pas la pierre à Hani. Car, enfin, qu'auriez-vous fait à sa place?
    En se battant pour son honneur (et sa retraite), l'imam suspendu n'a fait, au fond, que défendre logiquement ses droits. Bénéficiant, il est vrai, dans cette ahurissante histoire, de l'efficacité unique de Laurent Moutinot (figure emblématique, avec Martine Brunschwig-Graf, du déclin genevois amorcé dans les années 90)…
    La leçon de cette fable?
    Professez des horreurs, accrochez-vous aux idées les plus archaïques, encouragez vos ouailles à se faire respecter de leur(s) épouse(s) ou à la/les battre sinon à coups de baguette, du moins à coups de brosse à dents — cela peut rapporter gros. Il suffit d'un bon avocat et de quelques ministres à la fois moralistes et incompétents. Cela fera de vous un homme riche et célèbre.
     
     

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  • Il faut sauver le soldat Poitry

    Une question lancinante tarraude les esprits suisses-romands. Ce ne sont pas les énièmes menaces de l'Empereur Constantin (par ailleurs président du FC Sion) de licencier toute son équipe de bras cassés. Ce ne sont pas non plus les odieux marchandages, sous l'égide ricanante de George Bush, des présidents israélien et palestinien quelque part au fin fond de l'Amérique invisible. Non. C'est beaucoup plus grave que ça. Beaucoup plus proche de nous aussi.

    La charmante ville de Nyon — qui est la plus belle de tout l'arc lémanique, et celle où je suis né — risque de perdre sa tête. C'est-à-dire son syndic (traduction genevoise : son maire).

    Ne riez pas! L'affaire est trop sérieuse. Il y va de l'honneur de toute une région — et peut-être même de l'honneur national. La situation est cornélienne : parce qu'il a déménage en mai dernier dans une villa construite à un jet de pierre de Nyon — mais sur la commune de Prangins — le brave syndic Astérix Poitry, à la tête de la ville depuis six ans, devra abandonner son poste. L'ordre est venu d'en-haut : c'est-à-dire du Grand Château de Lausanne (traduction : des Romains).

    Astérix contre les Vaudois

    Que faire alors? Obéir aux tyrans lausannois ou faire cessession ? Rayer Astérix Poitry du rôle électoral ou renvoyer la patate chaude aux Conseil d'État? Les Nyonnais sont bien embêtés. On le serait à moins. L'honneur commande pourtant de se battre jusqu'au bout. Il faut sauver le soldat Poitry. Quitte à se mettre tout le monde sur le dos. Une solution serait d'annexer la parcelle sur laquelle le syndic a construit sa villa — et, dans la foulée, d'annexer Prangins (qui, de toute manière, n'existe pas). Une autre serait de déplacer l'étude d'avocat du syndic Poitry dans sa villa et, inversement, d'installer sa villa dans son étude d'avocat. Une troisième solution serait de demander l'asile politique à Genève (qui occupe déjà, de facto, l'essentiel de la région nyonnaise).

    Quelle quelle que soit la solution choisie, le maître-mot est : résister. C'est uniquement en résistant tous ensemble contre le tyran que nous pourrons sauver le brave syndic Poitry.

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