Il fut élu, prit possession de son bureau Téo Jacob et s’empressa de reprendre ses anciennes habitudes.
Ne rien faire, surtout, et attendre.
Cela ne dura pas longtemps. Élias le contacta, lui présenta un ambitieux projet de construction de logements à la frontière franco-genevoise et déploya toute son énergie pour le convaincre d’y souscrire. Mais l’autre, tirant comme un malade sur sa pipe d’écume, était plus coriace que prévu. Dans les semaines qui suivirent, il revint à la charge plusieurs fois. Il fit valoir les nombreux postes de travail créés (Genève connaissait alors le taux de chômage le plus élevé de Suisse), le grand nombre de logements (dans un canton frappé de pénurie) et l’ouverture transfrontalière qu’un tel projet allait favoriser.
Fidèle à sa légende, la pipe vissée entre les dents, Mouduneux resta inébranlable. Car au moment de s’engager, considérant les risques du projet et les jalousies politiques qu’il n’allait pas manqué de susciter, il préférait ne pas tenter le diable.