
L'exposition d'une trentaire de ses œuvres qui se tient actuellement à la Fondation Gianadda de Martigny en est une preuve supplémentaire. Qu'y voit-on? Un peintre laborieux, méticuleux dans le détail, grand admirateur (jusqu'au plagiat) de Piero della Francesca, doté d'une technique tout à fait estimable, mais d'une inspiration tristement répétitive. Ses tableaux? Parlons-en. Une grande partie (la plus connue, la moins intéressante) s'attache à peindre, dans une aura « hamiltonnienne » de scandale, les émois troubles de l'adolescence. Ce sont d'habitude de très jeunes filles, blouse entrouverte, jambes écartées, qui regardent le spectateur du tableau avec une lascivité de bon aloi (mais qui sonne faux, également). Ailleurs, des scènes toujours teintées d'une sensualité d'autant plus lourde qu'elles sont rendues avec un souci rare du détail.
Adulé par certains, méprisé par d'autres, il m'apparaît, aujourd'hui, comme le peintre pompier par excellence. Celui qui, par ses tableaux, essaie de résister à la révolution piscturale du XXe siècle, qui est une révolution iconoclaste. C'est le barrage bourgeois aux inventions folles d'un Picasso ou d'un Braque, par exemple. Aux délires polychromes d'un Kandinski ou d'un Mondrian. Au génie vraiment inovateur d'un Miro ou d'un Fernand Léger.
Peintre pompier, le Comte Balthus aura marqué pourtant son siècle pour la raison toute simple qu'il n'en a jamais fait partie.
Si vous ne me croyez pas, allez-y voir vous-mêmes!