Roman ou récit de vie ? Le doute subsiste jusqu'à la fin du livre qui raconte, en 15 brefs chapitres, la descente aux enfers, puis la longue quête de lumière du narrateur. Cela s'appelle Le Fossé*. Son auteur, Hervé Lochmatter, a longtemps œuvré dans le domaine culturel, écrit des pièces de théâtre et organisé des rencontres et des événements.
La couverture, détail d'un tableau du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich, indique assez la tonalité du livre : noir, c'est noir. Et pourtant, comme les flocons de neige évoqués par Friedrich, dans ce noir une lueur apparaît : un espoir de lumière — de salut.
Le narrateur du Fossé vit en marge de la société, à Sion, dans une misère noire. Il nous raconte son quotidien, quelquefois dramatique, sa solitude et les difficultés qui s'accumulent au fil des jours. Il le fait dans un style à la fois réaliste et empreint d'autodérision (l'humour est une planche de salut). C'est cette force, précisément, qui va l'aider à sortir du fossé dans lequel la vie l'a jeté et maintenu.
Commence alors une manière d'exorcisme : la narrateur va frapper à plusieurs portes (médecins, psys) qui lui apporteront peu de soutien et d'empathie. Le récit devient alors labyrinthique : pris au piège de la vie, le narrateur cherche en vain une issue.
Il la trouvera pourtant, une nuit d'orage, en pratiquant une sorte de magie blanche, en sortant du fossé où il croupit. Le mauvais sort sera levé. Et il verra enfin le bout de ses malheurs : comme Thésée, il est sorti du labyrinthe et a vaincu le Minotaure. .
D'une écriture soignée, ce récit de vie, qui s'apparente à une autofiction, surprend et séduit le lecteur.
* Hervé Lochmatter, Le Fossé, éditions de l'Aire, 2022.