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À lire et à offrir : Monsieur vitesses(Maxime Maillard)

data_art_8396709_news624.jpgC'est un petit livre très étrange, Monsieur vitesses* de Maxime Maillard (né en 1982 dans le canton de Vaud) : ni essai, ni roman, un peu récit autobiographique, mais surtout mosaïque de saynètes poétiques qui sautent souvent du coq à l'âne, pour donner de la vitesse à l'écriture, et composent, au final, une sorte d'« essai en immersion », comme dirait l'auteur : un portrait diffracté.

Cette discontinuité fait à la fois la force et la faiblesse de ce Monsieur vitesses qui entraîne le lecteur sur les pistes de la nature (très présente dans le livre) et de son imagination débridée. Mais disons-le : surtout la force. On saute, on gambade, on escalade des talus, on franchit des ruisseaux : le narrateur, après avoir longtemps cherché sa voie, devient ce jardinier qu'il a peut-être rêvé d'être, dans une autre vie. Il ausculte alors les paysages, parle aux oiseaux comme aux arbres, se sent chez lui dans ce pays qu'il chante avec des mots forts et beaux. « Nous buvions du Spritz autour d'une lady apocalyptique. J'avais la bagnole. Eux, le caprice. »

Il y a de nombreuses trouvailles, belles et profondes, qui jaillissent de cette écriture comme autant d'étincelles qui « jamais ne s'éteignent, et jamais ne s'allument. » Unknown.pngEt ces trouvailles forment un tableau (un portrait en mouvement) tout en nuances et en anfractuosités, en  petits gouffres et en puits de lumière.

La faiblesse, c'est bien sûr le côté décousu de cette course à l'abîme. On aimerait quelquefois que l'écriture soit plus tenue, plus sobre encore, que le fil du récit nous entraîne vers des régions encore plus sauvages et inconnues des cartes contemporaines. Mais cette (petite) faiblesse fait aussi tout le charme de ce Monsieur vitesses qui est davantage qu'un exercice de style, ou que le résultat d'un atelier d'écriture : une vraie réussite.

* Maxime Maillard, Monsieur vitesses, éditions d'autre part, 2014.

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