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Un Prix bien laborieux (Antoinette Rychner)

Dans le premier roman d'Antoinette Rychner (née en 1979), Le Prix*, tout tourne autour du nombril — comme souvent dans la littérature romande. Tout tourne autour de Moi, sculpteur d'étranges créatures, les Ropfs, à mi-chemin de l'organique et de l'artisanal, Moi en proie aux affres de la création et  en butte aux exigences de sa femme, qui s'appelle S, et de son fils, joliment prénommé Mouflet. Moi aspire à être reconnu. Il espère donc recevoir un Prix prestigieux, qui assoirait son statut d'artiste et apaiserait sa soif de gloire. Hélas, on lui préfère un autre candidat — son rival. Et bientôt son épouse se trouve enceinte d'un second mouflet, logiquement prénommé Remouflet…

On le pressent : l'essentiel, dans ce gros livre, n'est pas l'intrigue (inexistante), ni les personnages (sans chair, ni consistance), ni même les situations, comme dirait Sartre, qui sont banales et sans surprise. Non : il faut chercher ailleurs les qualités du Prix : dans une langue originale, ciselée, parfois drôle, parfois verbeuse (on pourrait couper une centaine de pages au roman) et parfois alourdie par des préciosités typographiques (le renvoi à la ligne après une virgule). Il n'empêche que l'écriture d'Antoinette Rychner fait montre d'un certain souffle, qu'on pourrait situer entre les litanies de Thomas Bernhard (au mieux) et les romans hors-sol de Noëlle Revaz (au pire). Le Prix comporte plusieurs morceaux de bravoure (en particulier les scènes « chaudes ») qui prouvent la patte d'un écrivain.

* Antoinette Rychner, Le Prix, roman, Buchet-Chastel, 2015.

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