Chaque année, c’est les Chutes : comment survivre au Niagara de la rentrée littéraire ? 555 romans prévus en France. Une bonne trentaine en Suisse romande. Bien sûr, il y a ceux qu’on ne lira pas : la logorrhée de Yann Moix (1200 pages). Le dernier produit de la fabrique Nothomb : ni meilleur, ni pire que les précédents, hélas…
Chez nous, la rentrée est moins encombrée. Il est plus facile de s’y faire un chemin. Parmi les promesses de bonheur, j’attends deux livres, très singuliers, très différents, indispensables.
Le premier s’intitule Les Frontalières*. Il est signé Mousse Boulanger. Elle revisite son enfance jurassienne, juste avant la guerre, les balades à vélo de l’autre côté de la frontière. Son amour de la liberté et de la poésie.
L’autre livre que j’attends, c’est La Combustion humaine**, un roman explosif de Quentin Mouron. Comme Mousse Boulanger, Mouron a un style, une voix, une présence. Son roman se passe dans le milieu de l’édition. Comme dans ses précédents livres, Mouron fulmine, se lâche, se fâche — et va fâcher beaucoup de monde. Tant mieux !
Entre Mousse Boulanger, 86 ans, et Quentin Mouron, 25 ans : une même rage d’écrire. Un même amour fou de la langue. De la vie.
Et j’aime cette idée de transmission : la littérature n’a pas d’âge. Elle passe de main en main. Elle ne meurt jamais.
* Mousse Boulanger, Les Frontalières, roman, L’Âge d’Homme, 2013.
** Quentin Mouron, La Combustion humaine, roman, Éditions Olivier Morattel, 2013.