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Les livres de l'été (12) : Corinna Bille

DownloadedFile.jpegQue reste-t-il après la fin du monde ? Les derniers exploits des banksters helvétiques, jamais à court d’imagination ? Le sourire hypocrite de Poutine, rêvant d’accueillir Gérard Depardieu en Russie ? Une nouvelle guerre pour relancer le commerce des armes ?

Non, rien de tout cela. Après l’apocalypse, une fois débarrassé de tout le superflu, et définitivement allégé, il nous reste des livres. À lire et à relire. Car on n’en a jamais fini avec les livres. Une seule vie ne suffit pas. Heureusement, le temps n’est plus compté après la fin du monde !

 En 2012, Jean-Jacques Rousseau aura fêté gaillardement ses trois cents ans. Son œuvre multiforme n’a pas pris une ride. Cette célébration a failli éclipser un autre anniversaire, tout aussi important. images-6.jpegCelui de Corinna S. Bille, immense écrivain de la terre, du mystère féminin, des sensations secrètes, de la musique des mots.

Corinna, parlons-en ! C’est la demoiselle sauvage de la littérature romande. Une icône. Née à Lausanne en 1912, c’est à Sierre, pourtant, dans le manoir enchanté du Paradou, qu’elle passe son enfance, avant de partir étudier à Lucerne, puis à Zurich. À vingt ans, elle joue les script-girls pendant le tournage du Rapt, film adapté de La Séparations des races de C. F. Ramuz et elle rencontre Vital Geymond, un acteur de la troupe de Charles Dullin, en tombe amoureuse, le suit à Paris, l’épouse en 1924. Mariage blanc. Magie noire de l’amour. Elle retourne en Suisse, publie son premier livre (Printemps, 1939) et rencontre l’homme qui partagera sa vie : Maurice Chappaz. De cette rencontre naîtront trois enfants. Et une multitude de livres, Maurice et Corinna s’encourageant mutuellement, chacun donnant à l’autre la force d’écrire, malgré une vie matérielle difficile, en dépit des reproches, des quolibets, des menaces.

 Quand on demande à Corinna pourquoi elle écrit, voici ce qu’elle répond : « On ne peut pas supporter le bonheur, on ne peut pas supporter la souffrance. L'écriture c'est un remède à l'insupportable. Mon travail seul me donne l'équilibre, la cohérence nécessaire, que ni le social, ni le religieux, ni l'aventure, ni même la maternité ne peuvent m'assurer ».

images-3.jpegCorinna S. Bille a cent ans, donc, et il faut remercier Patrick Amstutz, qui dirige à Bienne la collection Le Cippe, d’avoir célébré cet anniversaire en publiant un important recueil d’hommages, d’études et de témoignages consacrés à cet écrivain majeur de la littérature européenne*. images-5.jpegMaryline Desbiolles, Gilberte Favre**, Jérôme Meizoz, grands spécialistes de Corinna, disent leur surprise ou leur admiration devant cette œuvre au charme unique, et jamais épuisé. Alain Bagnoud monte au village de Corin pour faire plus ample connaissance avec la mère de Corinna, Catherine Tapparel, alors que Corinne Renevey montre le rayonnement de son œuvre au-delà des mers, en Ontario canadien, où elle trouve un écho profond. Le regretté Germain Clavien raconte comment il a fait connaissance de Corinna dans son chalet de Chandolin.

 Oui, après la fin du monde, fêtons Corinna Bille comme elle le mérite, en relisant ses livres : merveille de poésie, de mystère amoureux, d’humanité !

 

* Cippe à Corinna Bille, sous la direction de Patrick Amstutz, ACEL et éditions infolio, 2012.

** Gilberte Favre, Corinna Bille, le vrai cointe de sa vie, L'Aire bleue, 2012.

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