Le 4 septembre, on trouvera, dans toutes les bonnes librairies, Après l'Orgie, mon dernier livre. En attendant le jour fatidique, voici, j'espère, de quoi attiser votre curiosité…
Le roman met en scène le tête-à-tête, qui tourne au corps à
corps, entre un psy et sa patiente, Ming, 25 ans, née à Shangai et
soeur d’Adam dans L’Amour nègre. Enfant, elle a été adoptée par
un couple d’acteurs américains. Elle a connu la vie facile aux États-
Unis, mais aussi l’exil en Suisse. Elle vient le consulter pour aller
mieux, avouer ce qu’elle a sur la conscience. Mais raconte-t-elle
la vérité ? Toute la vérité ? L’effort du psy sera d’accoucher sa
patiente pour mettre des mots sur ses maux. En se demandant si celle-ci ne le mène pas en bateau…
Ming incarne, à sa manière, le combat d’une femme qui cherche à se libérer des liens
qui l’emprisonnent : son origine, son éducation, la tyrannie de l’image, la violence masculine,
l’obsession du corps parfait, etc. Elle doit trouver sa voie dans le spectacle – la société qui fait
d’elle une image.
Dans la seconde moitié du livre, Ming vit en Italie. Elle évolue dans le milieu de la mode,
puis de la télévision, puis de la politique (les trois sont étroitement liés). Elle devient l’égérie
d’un couturier (Jim Terby), puis d’un chef de gouvernement (Papi). C’est l’occasion de faire
le portrait d’un monde en déliquescence, fondé précisément sur l’image et la politiquespectacle.
Un monde à bout de souffle.
Le roman pourrait s’appeler Satyricon 2012. C’est une fresque acide et drolatique sur la
société d’aujourd’hui dans l’esprit du Satyricon attribué à Pétrone, et mis en images par Fellini.
Ses gourous (photographes, designers, couturiers). Ses icônes du moment (stars de cinéma ou
de la télévision, joueurs de football, hommes politiques). Son ennui larvé. Son obsession du
plaisir. Son désir d’éternelle jeunesse réalisé grâce aux miracles de la chirurgie esthétique.
Papi – caricature de Silvio Berlusconi – incarne à lui seul ces travers. Lui aussi, dans le
livre, est à bout de souffle : il a voulu faire de sa vie une orgie continuelle (sexe, pouvoir, ivresse, festins). Il est l’incarnation de l’homo festivus qui vit dans le spectacle et pour la fête. Il a goûté à tous les plaisirs. Il a remodelé son corps. Il a joui de chaque instant.
Mais une question se pose alors : que faire après l’orgie ? Que reste-t-il à vivre une fois qu’on a tout exploré ?