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Best of 2009

images.jpeg Prêtons-nous, comme notre Temps régional, au petit jeu des meilleurs livres de l'année. En toute subjectivité et injustice, bien sûr, puisque, contrairement à certains critiques littéraires, nous ne parlerons que des livres que nous avons vraiment lus !

1. Championne toutes catégories : l'écrivain américain Joyce Carol Oates, qui étouffe tous ses concurrents directs par son extraordinaire fécondité et — disons-le — son génie littéraire. On pourrait citer plusieurs titres de cette géniale femme de lettres, puisqu'elle publie deux, voire trois livres par année ! Contentons-nous de citer le recueil de nouvelles, Vous ne me connaissez pas, et son Journal (1973-82), les deux parus en Livre de Poche.

923455317.2.jpg2. Jil Silberstein, Une Vie sans toi (l'Âge d'Homme). Certains livres ont la force d’un exorcisme : il s’agit véritablement, pour leur auteur, d’une question de vie et de mort. Face à la magie noire du destin, toujours imprévisible, le seul recours demeure la magie blanche de l’écriture. C’est le cas de ce livre admirable, Une vie sans toi, de Jil Silberstein, qui est à la fois un chant d’amour et le récit d’un deuil impossible.

3. Pascal Janovjak, L'Invisible (Buchet-Castel). C'est l'une des meilleures surprises de la rentrée. Elle nous vient de Pascal Janovjak (né en 1975 à Bâle), qui réside en Palestine, après avoir travaillé au Liban et au Bangladesh. 349057970.14.jpegSon premier livre, Coléoptères, un recueil de nouvelles, a paru en 2007 aux éditions Samizdat. Les internautes et les blogueurs ont encore en mémoire la longue et belle correspondance qu'il a échangée avec Jean-Louis Kuffer, sous le titre de « Lettres par-dessus les murs », chronique impitoyable des massacres perpétrés dans la bande de Gaza. Aujourd'hui, Janovjak se met au parfum de L'Invisible, un livre original qui s'impose d'emblée par la force de son style.

images.jpeg4. Jean-Louis Kuffer, Riches Heures, Blog-notes 2003-2008 (l'Âge d'Homme). À vous, lectrices et lecteurs très honorables, je propose aujourd'hui un livre sans pareil, ou presque, dans la littérature contemporaine : il s'agit du premier blog littéraire publié en Suisse, celui que mon ami et collègue Jean-Louis Kuffer tient depuis quatre ans sur la plate forme Hautetfort (http://carnetsdejlk.hautetfort.com). Notes de lecture, ébauches de poèmes ou de romans, réflexions sur la littérature et le monde : ce livre nous fait entrer dans l'atelier d'un écrivain à la fois secret et ouvert au monde, là même où s'élabore l'alchimie du texte.

5. Zep, Happy Sex, éditions Delcour. Pas besoin de longs discours pour présenter le dessinateur de BD le plus doué de sa génération. 2009_10_09_Zep_Happy_sex.jpgQui plus est genevois. Et génial bien sûr. Dans son dernier opuscule, assez cru, il met en scènes les angoisses, parfois profondes, et les désirs, souvent superficiels, de notre époque désemparée. L'amour est noir. Mais le sexe n'est jamais triste.

6. Milan Kundera, Une rencontre, Gallimard. Évoquant les rencontres déterminantes de sa vie, Kundera creuse ici ses thèmes obsessionnels et son goût pour la forme du roman, forme qui. pour lui, repose sur le refus de toute psychologie, la célébration de la beauté délirante,  la dénonciation du kitsch sous toutes ses formes et des pièges de l’Histoire.

1072060335.jpeg7. Jacques Perrin, Dits du gisant, éditions de l'Aire. En 2006, Jacques Perrin, gastronome et amateur de vins exquis, mais aussi enseignant, autrefois, et philosophe, fait une chute terrible à l'Aiguille du Pélerin, dans la voie One Step Beyond. Il dévisse brusquement, chute, se fracasse en contrebas. Son corps est hélitreuillé jusqu'à Chamonix, puis transporté à Genève. Le pronostic des médecins est pessimiste. Le corps en miettes, l'âme en partance, il souffre de multiples fractures au bassin, aux jambes, aux bras et au visage. Mais il est vivant, ce qui est déjà une forme de miracle. De cette chute, vertigineuse, et de ce fracas, Jacques Perrin fait le récit dans Dits du gisant, un livre qui s'impose, dès les premières pages, par son souffle et sa force.

8. Frédéric Beigbeder, Un roman français, Grasset. La surprise, dans les prix littéraires de cet automne, c'est qu'il n'y a pas eu de surprise ! Comme prévu, le Goncourt est allé à la favorite, Marie Ndiaye, pour Trois femmes puissantes (Gallimard). Quant au Prix Renaudot, il récompense un écrivain doué, mais parfois paresseux, Frédéric Beigbeder, un Parisien pur sucre, pour Un roman français (Grasset), un livre fort et personnel dans lequel Beigbeder donne le meilleur de lui-même.

772533361.2.jpg9. Yvette Z'Graggen, Mémoire d'elles, L'Aire bleue. Toute l’œuvre d’Yvette Z’Graggen, qui trouve un grand écho en Suisse romande, est un questionnement minutieux du passé. Passé commun dans Un Temps de colère et d’amour (1980) ou Changer l’oubli (1989), quand l’écrivaine genevoise se penche sur le silence des sombres années de guerre. Mémoire individuelle quand elle cherche à revisiter, pour mieux en comprendre les secrets, le passé de sa propre famille. C’est bien de cela qu’il s’agit dans Mémoire d’elles. Tout commence ici par deux lettres exhumées du silence, et datées de 1915 et 1916, dans lesquelles Jeanne, la grand-mère maternelle, écrit à sa fille Lisi (la propre mère d’Yvette Z’Graggen). Lettres exaltées, bouleversantes, pathétiques, qui disent à la fois le malaise de vivre et la souffrance d’aimer.

10. Philippe Sollers, Les Voyageurs du temps, Gallimard. Il faut lire ce faux roman, sans intrigue ni suspense, 349057970.6.jpegcomme une magnifique promenade littéraire à travers les lieux et les époques, les visages, les siècles, les grandes ombres du passé. La promenade n'est pas finie. Elle se poursuit de livre en livre, toujours à inventer. Comme il n'a pas de commencement, le temps n'a pas de fin non plus. À nous de l'explorer à notre guise…

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